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le groupe d’oeuvres

le groupe d’oeuvres pigment parallèle
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dans le groupe d’oeuvres pigment parallèle, des tableaux de couleurs sont accrochés en tant que paires l’un à côté de l’autre, et ainsi groupés, peuvent se relier dans de plus grands systèmes. la couleur se déploie depuis la face antérieure vers les côtés du support de la peinture, ce qui fait que les tableaux de couleurs deviennent des corps colorés dans l’espace.

chaque partie des tableaux est carrée et repose en elle-même. la partie droite a une valeur plus foncée, le centre de gravité du tableau se déplace vers cet endroit. l’équilibre des surfaces picturales est atteinte par l’intensité de la couleur de la partie gauche du tableau. et apparemment, l’interaction des surfaces se limite aux bords qui se touchent des deux tableaux de couleur. dans cet espace limitrophe, tout devient plus foncé ou plus clair; les deux carrés de couleurs intensifient réciproquement leur luminosité.

dans ce groupe d’oeuvres, martin wörn s’approche minutieusement des valeurs de pigments rares, qui parfois étaient déjà utilisés à la renaissance, comme par exemple le lapis-lazuli ou la malachite qui sont extraits de pierres semi-précieuses. dans la peinture moderne, c’est pour de tels pigments anciens, en partie oubliés ou inutilisés que wörn a une préférence. cela représente pour lui un attrait particulier que d’introduire des colorations rares dans l’art concret. c’est ainsi que se complètent le bleu de brème et le noir de plomb, l’or et la lueur de plomb, la cendre d’outremer et le bistre, l’azurite et la poudre de mâchefer, la malachite et l’onyx, d’une manière élitaire en paire de couleurs vives. les pigments extraits de pierres semi-précieuses sont parfois grenus comme du sable. wörn les lie avec de l’acrylique et de la cellulose et étale la couleur au pinceau de manière lisse sur la toile tendue sur du bois. plus la surface est compacte, plus elle paraît fermée hermétiquement et plus il a été difficile d’étaler la couleur. dans certains cas rares, il est impossible d’éviter une trace visible du pinceau. et dans ce cas, l’artiste de l’art concret autorise exceptionnellement la trace de pinceau, comme il le dit „en hommage au pigment“.

’intensité lumineuse de ces pigments précieux éclipse leur nature physique. wörn donne à la couleur en tant que matériel la plus grande présence physique possible et, parallèlement, fait tout pour annuler à nouveau sa matérialité en étalant des couleurs d’une intensité et d’un rayonnement particuliers sur ses carrés.

on sent dans les oeuvres de wörn le primat exclusif de la couleur. la forme est soumise à la couleur et se trouve à son service. l’oeuvre de wörn est ainsi solidement ancrée dans la tradition de l’art concret dont les racines plus profondes remontent jusqu’aux débuts constructivistes de l’époque moderne. l’élaboration d’un groupe d’oeuvres conduit chez martin wörn au prochain groupe d’oeuvres et de cette manière, les ramifications de ce style se propagent toujours plus loin.

chris popovic, staufen, décembre 2000