le groupe d’oeuvres noir / noir index

le groupe d’oeuvres

l’effet produit par les couleurs, leurs rapports et leurs dépendances est le thème principal de la peinture de martin wörn. dans les groupes d’oeuvres noir/noir et pigment parallèle, il juxtapose uniquement deux couleurs tout en réduisant fortement l’importance de la forme. grâce à cette réduction, notre oeil perçoit les frontières et les bords de manière particulièrement intensive. c’est ainsi que les deux couleurs deviennent à présent actives lorsqu’on les contemple: toutes deux commencent peu à peu, puis de manière de plus en plus intensive à rayonner l’une sur l’autre. cette apparition crée chez le spectateur un sentiment vivant de vibration et d’exitation.

quand wörn appose seulement deux couleurs noires en parallèle, le contraste est presque imperceptible. alors que dans le groupe d’oeuvres antérieur déséquilibres le contraste entre les couleurs et l’effet qui en résulte étaient au centre de ses préoccupations, pour le groupe d’oeuvre noir/noir, ce sont les différences et les tendances colorées de divers tons de noir et de gris foncé qui forment le contenu des oeuvres. toute stimulation provenant de couleurs vives est à présent exclue.

dans le groupe d’oeuvres noir/noir a, les fonds noir et gris foncé sont encore imbriqués réciproquement et de manière inversée au centre, les champs de couleurs sombres de différentes intensités se mettent aussi en mouvement; là et sur l’axe médian ont lieu des rayonnements réciproques.

par contre, dans le groupe d’oeuvres noir/noir b, wörn devient encore plus radical dans sa création et se limite à deux paires de rectangles contenant un noir ou un gris différent, placés l’un à côté de l’autre dans un format en hauteur. l’artiste renonce à présent à l’imbrication au centre et en arrive à une simple construction de paires. pour comparer les nuances de noir, wörn utilise des pigments comme le noir de vigne, le noir d’os, le noir spinelle, le noir d’ivoire, le noir d’oxyde de fer, la suie de flamme, le noir de manganèse, la poudre noire de graphite et la poudre de charbon de bois. wörn s’intéresse dans cet ordre à la consistance, à la surface, à la texture propres à chaque pigment. cette série est entièrement consacrée au pigment. wörn interroge la coloration spécifique du pigment noir; découvre par exemple que le bistre est rougeâtre, qu’un autre noir tend vers le bleu, que la suie de flamme et le noir d’os présentent des textures diverses selon les pigments utilisés. dans cette série, la sensibilisation à la couleur devient encore plus subtile. a l’endroit de l’axe médian, le noir devient „un noir coloré“. avec ces oeuvres scindées en deux parties, wörn se dirige vers les frontières de la perception, à la recherche permanente de découvertes qui seraient définitives dans le domaine de l’action de la couleur.

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chris popovic, staufen, décembre 2000